Cette scène établie à Saint-Mauront a dévoilé jeudi la programmation de sa saison 2024-2025.
Toujours placardée sur la devanture du théâtre, sept mois après le décès de son charismatique fondateur, Richard Martin, une bâche noire affiche : « Le Toursky en deuil. » Comme si sa dévotion pour les arts et sa pugnacité continuaient d’habiter la nouvelle équipe dirigeante.
« Je suis étonnée d’être à cette place. C’est extrêmement douloureux pour moi », amorce Françoise Delvallée-Martin. «Mais c’est important car il m’avait demandé de poursuivre son œuvre», rappelle la veuve de Richard Martin, désormais directrice du théâtre, à l’heure de présenter la saison 2024-2025 du Toursky. La grande salle du théâtre de Saint-Mauront, à Marseille, est aujourd’hui rebaptisée à son nom. Elle fait la paire avec l’Espace Léo-Ferré, scène plus modeste du Toursky, qui lancera sa prochaine programmation le 4 octobre par la pièce Agathe royale, avec Catherine Jacob dans le rôle d’une « star de théâtre vieillissante ». Tout juste une semaine avant une « soirée hommage» au comédien et metteur en scène Richard Martin, indique sa femme avant que les larmes ne la submergent. « Ce théâtre va perdurer avec le même état d’esprit d’ouverture sur le monde et de fraternité qu’il a initié», affirme-t-elle.
Parmi les compagnons de route du Toursky qui s’y produiront à nouveau cette saison, Gilles Ascaride. L’auteur et metteur en scène viendra présenter le 9 novembre Zoé, avec Marie Fabre dans le rôle-titre. Une création inspirée par tante Zoé, «la sœur d’Honorine qui sert tout le temps de repoussoir et d’explication dans la trilogie de Pagnol, mais qu’on ne voit jamais», situe-t-il à propos de son histoire qui s’inscrit « dans les années 1950 à Marseille ». Apôtre, comme lui, de l’Overlittérature, ce genre littéraire au verbe truculent et marseillais né à Septèmes, Henri-Frédéric Blanc sera aussi de la partie avec Mise au blanc, le 23 avril 2025. L’auteur de ce seul en scène « poétique, satirique et mystique » qui y imbrique des histoires ubuesques : de celle d’un « chat maître zen » à celle d’un « homme canon qui se projette dans les airs pour mieux étudier le comportement des humains», évoque-t-il. Autre soutien indéfectible du théâtre, l’actrice Clémentine Célarié jouera, deux jours plus tard, Je suis la maman du bourreau, qui « reconstitue l’effondrement d’une mère » lorsqu’elle apprend que son fils est pédophile. La danseuse Marie-Claude Pietragalla fera quant à elle revivre la chanteuse Barbara le 14 mars. Comédie historique comme Belles de scène, comédie policière telle que L’heure des assassins, comédie romantique style La porte à côté, avec Michèle Laroque… Le Toursky propose une programmation pour tous, alternant toujours entre le pointu et le populaire. Au total, une trentaine de spectacles éclectiques, du théâtre à la danse en passant par la musique et l’humour, qui feraient presque oublier que la Ville de Marseille a suspendu sa subvention au théâtre. L’équipe veut néanmoins jouer la carte de «l’apaisement ». « Nous continuons à discuter avec la mairie et espérons tisser des liens fraternels avec eux», commente Marcel Alchech, le nouveau président du Toursky.