En cadeau : le poème d’une petite fille
Tu as fait d’un vieil hangar poisseux
Un théâtre merveilleux,
Tu as rendu des gens heureux,
Des tous petits et des plus vieux,
Ils veulent prendre ton Toursky, ta maison, toute ta vie,
Et même si je suis petite, je te soutiendrai jusqu’au bout,
Mes jambes courent un peu moins vite mais je me mets pas à genoux !
J’ai pas appris à obéir comme un soldat sans réfléchir,
Avec moi, on va y arriver,
Ton théâtre tu vas le garder !
Anna Puget 8 ans
Lettres d’Andrée Veillet, Professeure de Français :
(Cliquez sur la lettre pour l’ouvrir)
Avec tous mes vœux pour que ce nouveau combat aboutisse et que cette merveilleuse structure qu’est le Toursky continue son remarquable travail au sein de la ville de Marseille, sous la conduite éclairée de son fondateur, Richard Martin.
Michel Camatte
Cher Monsieur,
Je tiens par la présente à vous faire part de mon profond soutien et vous encourage dans vos actions. Merci pour ce que vous faites pour que ce lieu survive.
Je souhaite vivement le rétablissement des subventions et une prise de conscience vive de la part de la ville de Marseille.
Merci de tout coeur pour ce que vous entreprenez pour nous offrir un espace culturel dynamique et des programmation de qualité.
Toute mon énérgie avec vous
Farah Sinha
Non à la normalisation de la Culture !
Si l’on défend les artistes, la liberté de l’art et de la création, il faut alors répondre à l’appel du 9 octobre 2023, de Richard Martin, fondateur et directeur du Théâtre Toursky, à Marseille, menacé d’éviction et de normalisation par le Printemps Marseillais à la tête de la ville.
Richard Martin : « J’appelle les citoyens, les habitants à la mobilisation ! Je suis encore debout et je résisterai jusqu’au bout. C’est un hold-up sur le Toursky. Une vengeance indigne. Indigne de Marseille. C’est cela le Printemps Marseillais que les citoyens ont élus ? Virer les créateurs de leur lieu pour y placer des gens à eux ? »
Diffusons partout et à tous sa lettre ouverte du 9 février 2023, pour la restitution de tous les moyens nécessaires au Théâtre Toursky, à la salle Léo Ferré, la réembauche des quatre licenciés, et le maintien de Richard Martin.
Le fait des princes et des barons
Les honnêtes gens ont été scandalisés par la nomination en dehors de toute règle, du directeur de cabinet de Brigitte Macron comme directeur du MUCEM à Marseille, dans le cadre de l’opération présidentielle sur la deuxième ville de France, menée avec l’aval des élus du Printemps Marseillais.
Ces derniers mènent une campagne ignoble contre Richard Martin directeur et fondateur du plus ancien théâtre de la ville, le Toursky, afin d’y placer l’un ou l’une de leurs amis comme ils ont déjà commencé à le faire dans d’autres lieux culturels.
« Si quelqu’un déplaît, on le déloge. On lui baisse ses subventions. C’est souvent le problème. Il y a un manque total de liberté. Ces subventions, pourtant indispensables à la création, à l’accueil et la diffusion des œuvres deviennent une sorte de chantage à la soumission. » (Richard Martin, 9 février 2023)
A Paris, la décision récente d’Anne Hidalgo de désigner Olivier Py à la tête du théâtre du Châtelet est dénoncée notamment par Alice Coffin, élue EELV, qui a travaillé cinq mois sur les candidatures. « C’est un scandale et l’illustration exacte de comment fonctionne l’entre-soi au sein des institutions culturelles » (Le Figaro 3 février 2023)
C’est l’ensemble des forces qui s’inscrivent dans le cadre de la Vème république « décentralisée » qui perpétue une instrumentalisation politique de la culture. Seule la France Insoumise souligne dans son programme qu’il « y a nécessité de faire confiance aux travailleurs de la Culture », programme élaboré en rupture avec le régime.
Un « ministère de la Culture » ?
L’Institut Charles de Gaulle donne évidemment une version idyllique de la « politique culturelle » de la Vème république. L’empressement des élus du Printemps Marseillais à se conformer à l’interprétation la plus liberticide de ses lois pour menacer Richard Martin considéré comme un squatter de son propre Théâtre, rappelle leur frénésie à voter la délibération du 8 février 2021, avec la droite et le RN contre le droit de grève dans les écoles..
Il n’est pas inutile de rappeler l’histoire d’où nous venons : « La nomination d’André Malraux, qui dispose du rang de Ministre d’Etat, aux Affaires culturelles en juillet 1959 – dit l’Institut Charles de Gaulle – montre la volonté du général de Gaule de renouveler en profondeur l’action de l’Etat dans ce domaine. »
Le Secrétariat d’état des Beaux-Arts du Ministère de l’Education nationale a été ainsi supprimé. C’était lui – faut-il le rappeler – qui avait initié la veille de la guerre, avec Jean Zay, le Festival de Cannes, et qui, après la guerre, avec Jeanne Laurent, responsable de la direction des théâtres, avait nommé Jean Vilar au Théâtre National Populaire. De ce point de vue, les mesures prises par Malraux dans le domaine artistique, ne sont pas une rupture, quoi qu’on en dise, avec le passé. Les mêmes choses auraient pu être faites sans qu’il n’y ait nul besoin de créer un tel « ministère » sur mesure pour le « grand homme ».
En revanche, la nouveauté d’un « ministère » qui n’existe dans aucun autre pays : « C’est l’acte politique fondamental de la Ve République. Il n’y a quasiment qu’en France que cela existe », expliquait Roselyne Bachelot ex-ministre de la Culture de Macron dans l’OBS, en novembre 2020.
Comme le disait Malraux « l’Etat assume après 1958, dans le domaine de la Culture, des fonctions « tout à fait différentes ». » Ce qui l’intéresse, c’est de faire de la Culture « un instrument de rayonnement pour la France à l’étranger », un outil diplomatique. Voilà la place des artistes dans ce régime anti-démocratique.
L’écrivain, ancien compagnon de route du PCF, et protégé de De Gaulle organisa, sans état d’âme, une coupure dommageable entre l’enseignement public et les musées, et la création artistique. Lors de sa dernière apparition publique pour soutenir Chaban Delmas à une présidentielle, Malraux défendit la perspective du remplacement de l’Ecole par la télévision.
Avec la Vème république, on revient à une conception du rôle des artistes qui s’apparente à ce qu’elle est ou fut dans les régimes despotiques ou totalitaires : l’illustration de la magnificence du Pouvoir politique. L’OBS citait Thomas Legrand à propos des Mémoires de De Gaulle : « Quand il écrit ses “Mémoires”, il construit sa statue. Il est sur un piédestal. Il faut comme pour Jeanne d’Arc une épopée ; comme Napoléon, il faut une légende. Autant le faire lui-même… »
« Un mauvais penchant … », un « régime de vigilance » ?
L’OBS croyant sur parole l’homme qui n’était pas à un mensonge près, sur son « amour » des artistes, ne peut cacher la volonté gaulliste de « les contrôler », « un mauvais penchant » est-il précisé :
« Il fait censurer un sketch de Jean Poiret et Michel Serrault diffusé dans les actualités cinématographiques. Les deux comiques s’y moquaient du président sans jamais le nommer. La bande fut censurée pour « Atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». Rien que ça !
« Nous n’étions pas dans un régime dictatorial, mais un régime de vigilance sur les films, les télés… », estime Michel Winock. Pierre Perret comme Antoine se verront interdits de radio et de télévision pour des textes jugés « subversifs ». « La Religieuse » de Jacques Rivette a aussi subi les foudres de l’Élysée et de l’Église. Les doutes quant à l’implication du général dans cette censure ont été levés. Dans une note retrouvée dans les archives nationales, il est écrit : « l’interdiction doit être renouvelée », de la main du général. »
L’OBS est bien gentil. La décentralisation initiée par Malraux et renforcée depuis, a abouti à démultiplier l’aspiration de nouveaux oligarques locaux à mettre la main sur les lieux de culture Sous François Mitterrand, le rôle de Jack Lang, tant loué par les courtisans et aujourd’hui très proche de la ministre de la Culture de Macron, n’a pas dérogé à la règle monarchique.
Comme l’écrivaient André Breton et Léon Trotsky dans un Manifeste commun en 1938 : « l’art ne peut consentir sans déchéance à se plier à aucune directive étrangère et à venir docilement remplir les cadres que certains croient pouvoir lui assigner, à des fins pragmatiques, extrêmement courtes. »
Ce Manifeste « Pour un art révolutionnaire indépendant » fut un acte de résistance international alors que les Nazis pourchassaient les artistes dits « dégénérés », que Staline imposait par la répression le « réalisme socialiste », et que Pétain allait instaurer un « Service artistique du Maréchal ».
Une « vision purement marchande »
Aujourd’hui, en France, « Relégués à un statut « non essentiel » pendant la crise sanitaire, la culture, les arts et les travailleurs de l’art ont été méprisé par le gouvernement pendant des mois. Unique mesure du quinquennat, le « Pass Culture » symbolise la vision purement marchande d’Emmanuel Macron. » (programme pour l’Union populaire : L’Avenir en commun – Nov.2021)
La réforme des retraites de Macron n’épargne pas non plus – pourquoi le ferait-elle ? – les artistes, les travailleurs de la culture. ** Vision marchande, anti-sociale et emprise politique ne sont nullement contradictoires.
Bas les pattes devant la Culture ! Bas les pattes devant les artistes ! Bas les pattes devant le Théâtre Toursky ! Bas les pattes devant Richard Martin ! Comme le disait ce dernier , soyons toujours « de ceux qui existent et qui résistent ».
François Chaintron
*« Dans le spectacle aussi, la grève a été suivie. Dans des Centres Dramatiques Nationaux comme Aubervilliers, à la Gaîté lyrique, à la Biennale de Lyon, à l’Opéra de Lyon. » indiquait début février 2023, le syndicat FO des artistes ajoutant « Déjà aujourd’hui, les artistes interprètes en France partent pour la plupart à la retraite avec de toutes petites pensions (…) Les trimestres sans contrat mais indemnisés par Pôle Emploi comptent pour le nombre de trimestres, mais valeur monétaire 0, car bien que cotisés il n’y a pas de salaire. Pour les collègues artistes auteurs ou les collègues qui passent par le RSA, c’est pire. »
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